Trouvez-moi un groupe qui allie technique et brutalité à la fois ! Dans ce genre de haute voltige, j’ai nommé Aborted, en effet le combo belge vient de nous offrir un neuvième album qui fait suite à un excellent EP « Termination redux » Sorti en janvier 2016. Cette année 2016, les belges ont décidé de nous gâter, en même temps il fallait bien ça pour fêter leurs vingt années de carrière, et oui déjà ?
Alors ce Retrogore que vaut-il ? Est-il vraiment aussi gore que sa pochette et que son titre l’annoncent ? Il est clair que le défi était relevé de sortir un nouvel album faisant suite à un excellent EP et à un non moins excellent album « The necrotic manifesto ». La sortie de « Retrogore » est la preuve qu’il en faut bien plus que cela pour effrayer notre quintet belge. Pour ce faire, ils nous ont concocté pas moins de 12 titres en y mixant du gore, des tempos groovy, de la maîtrise et de la technique tout en repoussant toujours plus loin les frontières du métal extrême. Ainsi, on débute notre immersion dans « Retrogore » par une intro musicale intitulée « Dellamorte dellamore » aux faux accents joyeux avec un ton qui se fait de plus en plus malsain et pesant au fil des secondes. Sans transition aucune, on met les oreilles dans le titre « Retrogore » du même nom que l’album qui nous met directement devant le fait accompli avec des blasts omniprésents, une voix indescriptiblement malsaine et des riffs à la fois bourrins et intelligemment calculés pour nous rendre accros dés la première écoute. Sven et sa bande sont dans la place, âmes sensibles abstenez-vous !!!
On poursuit avec l’excellent « Cadaverous Collection » aux aspects tantôt modernes tantôt classiques avec cette très intéressante opposition dans les rythmes et dans les solis qui nous offre au final un contraste saisissant. Il en va de même pour « Whoremageddon » qui évolue sur fond de brutalité extrême auquel se collent des riffs franchement heavy métal. Le titre « Termination Redux » que vous connaissez déjà puisqu’il est issu de l’EP éponyme sorti en début d’année vient se greffer assez judicieusement à cet album mettant ainsi cette ambiance de film d’horreur à son paroxysme : Les images les plus pernicieuses et sordides défilent dans notre imaginaire, les amateurs du genre peuvent être comblés par tout ce matraquage si finement exécuté. On prendra également un certain plaisir à l’écoute du très rythmé bit by bit (clin d’œil incontestable aux series gore des années 80 que nous regardions en cachette) , mention spéciale pour ma part à « divine Impediment » qui m’a plu de suite de par sa construction bien singulière qui fait de ce morceau, un morceau bien à part du reste de l’album sans pour autant dépareiller car on y reconnaît fatalement la touche d’Aborted enrichie de riffs plus lourds et aussi plus darks qu’à l’accoutumée. Pour un peu, ça sonnerait presque black métal tellement c’est sombre. Côté paroles, on s’avance sur des terrains religieux en dénonçant les extrémismes de tout bord, le fanatisme, l’obscurantisme et la barbarie dont l’homme est capable envers son semblable. Aborder cette thématique est une grande premiere pour le groupe, il fallait le souligner.
Chose d’importance sur laquelle nous ne pouvons pas faire l’impasse c’est la liste impressionnante de guests de prestige que s’est offert le combo belge pour cet album hors norme : David Davidson de REVOCATION (Chant, Guitare) ou encore Travis Ryan de CATTLE DECAPITATION (chant), sans oublier Jason Keyser d’ORIGIN (chant) et Julien Truchan de BENIGHTED (chant). Rien que ça! On ne pouvait rêver mieux comme invités prestigieux et le moins que l’on puisse dire c’est que toutes ces présences de qualités donnent à l’album une dimension d’une richesse remarquable.
L’heure serait venir de conclure, mais j’ai envie de revenir sur l’artwork de la pochette et du livret qui l’accompagne, lesquels ne passent pas inaperçus évidemment. Cette œuvre de qualité est le travail de Christopher Lovell et Cookie Greenway, lesquels nous ont offert une magnifique pochette digne d’un film d’horreur des années 80, les illustrations à l’intérieur du livret sont aussi drôles qu’exceptionnelles puisqu’il s’agit d’une mise en scène du groupe dans une parodie d’affiche de film d’horreur, ça sent bon l’humour noir et le second degré, c’est un réel plaisir pour nos yeux que de se balader dans ce livret.
Pour conclure sur « Retrogore », je dirais pour ma part qu’il s’affiche comme une suite logique des trois albums/EP que les belges nous ont précédemment offert. Tout en continuant de surfer sur la vague horreur-gore avec brio ils confirment leur place de numéro un du genre sans pour autant révolutionner le petit monde de la musique, mais ce n’est pas ce que les fans leur demandent. Retrogore est donc un très bon album de brutal death dont les afficionados pourront se délécter jusqu’à plus soif et qui surprendra agréablement les novices en les faisant entrer dans un univers à la fois malsain mais plaisant dont ils auront du mal à se défaire. Vous l’aurez compris quand on écoute « Retrogore » on a encore envie d’écouter « Retrogore » Vous êtes prévenus cet album est très addictif !
Retrogore Tracklist:
1. Dellamorte Dellamore (0:51)
2. Retrogore (4:17)
3. Cadaverous Collection (4:12)
4. Whoremageddon (3:29)
5. Termination Redux (album version) (3:27)
6. Bit By Bit (4:03)
7. Divine Impediment (4:18)
8. Coven Of Ignorance (3:42)
9. The Mephitic Conundrum (3:18)
10. Forged In Decrepitude (2:41)
11. From Beyond (The Grave) (4:22)
12. In Avernus (4:36)
Quelques liens pour aller plus loin :
https://www.facebook.com/Abortedofficial/
http://goremageddon.be/retrogore/