Entretien avec Stubborn Trees, groupe de rock grunge français

Par Martine Varago

Les Stubborn Trees constituent cette catégorie d’arbres qui poussent là où bon leur semble et traversent les obstacles qui encombrent leur chemin. C’est, en filigrane, ce que racontent les quatre membres des Stubborn Trees : avancer, ne rien regretter, vivre l’instant présent ou les questionnements sur notre planète.

environnement et le monde.

Line-up : Yann Éléouet (chant, guitare, composition, programmation batteries et instruments additionnels)

Laurie Prévot (basse, chant, guitare)

Julien Le Page (guitare)

Camille Barsamian (composition et programmation batteries)

Votre groupe joue un rock tendance plutôt années 90. Pourquoi avoir choisi ce style plutôt qu’un autre ?

Yann : On ne l’a pas choisi, c’est notre identité musicale. C’est ce qui sort de nous quand on se met à composer. Ce sont nos goûts musicaux profonds qui rejaillissent.

Quel a été votre idole dans le domaine de la musique et qui vous a apporté la passion de cet art ?
Yann : Je suis allé le voir hier, jeudi 5 décembre, c’est Paul McCartney. Donc, le déclencheur ça a été les Beatles.

Laurie : Pour moi ça a été Nirvana. Ensuite, j’ai exploré tous les courants du rock et du hard rock comme Led Zeppelin, Deep Purple, les Beatles.

Camille : Pour moi, le déclencheur ça a été Led Zeppelin, le batteur John Bonham.

J’ai commencé la batterie lorsque j’avais 11 ans et c’est un instrument qui m’a toujours attiré. C’est l’instrument que j’ai voulu dès le départ. C’est vraiment Bonham le batteur de Led Zeppelin qui m’a donné envie de faire la musique, qui m’a le plus intéressé et sur lequel j’ai flashé. Enfin, j’ai la chance de travailler dans un magasin de musique, ça permet de travailler un peu la batterie tous les jours et sur des batteries différentes. J’ai également pris des cours de musique avec un professeur, puis je suis parti étudier dans une école de musique sur Paris.

Julien, arrivé plus tardivement dans l’interview. Peux-tu, à ton tour, nous parler de tes débuts en tant que musicien ?

Julien : J’ai fait une école de musique sur Paris il y a 15-20 ans. Suite à cela, j’ai intégré un orchestre de funk. À côté, j’ai pas mal bossé avec des petits groupes punk rock, hard rock, stoner. J’étais très passionné de musique funk. Un jour, je rencontre Yann et Laurie à une fête de la musique et je les ai regardés jouer et je leur ai dit : mais il vous faut un guitariste en plus et un batteur. J’ai fait un essai avec eux et on a fait quelques titres, ça a matché assez vite. Et on a cette façon de travailler ensemble, tous les deux composent et je fais les arrangements, les mélodies, des trucs assez accrocheurs qui permettent de souligner, de maquiller leurs morceaux.

Laurie : Une petite touche funk, c’est marrant aussi. Cette petite touche ajoute quelque chose de spécial à nos influences rock.

Pourtant, vous n’appartenez pas à la jeunesse de la génération des années 60 et 70 ! Comment en êtes-vous venus à écouter ces anciens groupes ?

Camille et Yann : Les parents.
Laurie : La curiosité. Ce qui passait à la radio ne me plaisait pas et donc je suis allée fouiller dans le passé du rock et j’ai découvert plein de courants musicaux qui m’ont plu. Mélangé à des choses actuelles, on s’est créé notre culture musicale de cette manière.

Yann : On a commencé par écouter ce que nos parents nous ont fait entendre. Pour moi, c’étaient les Beatles, Deep Purple et Police. Notre culture musicale s’est enrichie et on s’est mis à écouter du métal comme Filter, Emigrate, Pain.

Laurie : Des groupes comme Muse, The Pixies aussi nous ont intéressés.

Vous êtes un groupe orienté vers la protection environnementale : comment en êtes-vous venus à ce thème de prédilection ?
Laurie : Nous vivons dans un environnement proche de la forêt et on est conscients de tous ces problèmes environnementaux. On est sensibilisés par les problèmes des forêts et c’est un thème qui revient dans nos chansons. Il y a aussi d’autres thèmes que nous évoquons. Notre groupe se nomme Stubborn Trees, c’est-à-dire les arbres têtus. L’arbre continue son chemin quoi qu’il arrive. C’est l’image de cette nature résiliente qui, j’espère, trouvera sa route malgré les obstacles.

Si vous étiez un arbre, lequel seriez-vous ?

Yann : Entre le chêne et le roseau. La force du chêne et la résilience du roseau.

Laurie : J’ai envie de dire le chêne mais paradoxalement le chêne souffre beaucoup en ce moment.

Vos textes s’en inspirent par ailleurs. Comment écrivez-vous vos textes ?
Yann : Pour écrire les textes, on part d’une base de yaourt qui peut nous donner des idées de piste, de thème. On écrit chacun de notre côté avec Laurie et c’est Laurie qui les finalise ensuite.

Laurie : Je passe beaucoup de temps sur les paroles. Pour cet album-là, on a travaillé avec une coach en anglais, Virginie Coutin, à la fois pour le côté accent tonique, pour mettre les accents à leur place et pour la correction de tournures de phrases. On avait envie que les textes soient justes et retranscrivent bien nos pensées.

Pourquoi ne pas chanter en français, cela aurait été plus simple ?

Yann : Cela peut paraître plus simple mais c’est compliqué d’écrire en français et surtout de faire sonner les mots correctement dans le rock. Cela marche bien avec Bertrand Cantat parce qu’il a un petit accent bordelais et il écrit bien. 

Laurie : Le français est exigeant et j’ai trop de respect pour la langue française pour l’utiliser aujourd’hui. Peut-être qu’un jour, on le fera. Je suis déçue à 90 % des textes de chansons que j’entends en français. L’anglais et le rock, ça marche bien ! On a l’énergie et la fluidité et on peut répéter les mots, ce qui est plus difficile à faire en français. Je trouve que la langue anglaise colle bien à notre musique mais nous ne sommes pas réfractaires au français. 


Vous représentez un groupe orienté vers l’environnement, que pensez-vous de la décision de Shaka Ponk d’arrêter les tournées alors qu’ils sont en pleine ascension musicale ?

Yann : J’ai écouté leur interview sur Oui FM et cela me semble intéressant car ils évoquent les méthodes qu’ils souhaitent mettre en place justement pour des concerts plus écologiques.

Laurie : C’est un choix intéressant et c’est un choix qui se respecte. L’événementiel est en général un milieu où il y a énormément de progrès à faire.


Vous venez de sortir un clip vidéo « The Stronger The Wind », paru le 22 novembre en auto-production. Pourquoi une auto-production au lieu de confier un tel travail à un professionnel ?
Yann : Parce qu’on est autodidactes et qu’on aime bien faire les choses nous-mêmes et c’est aussi une question de budget. Faire produire un album coûterait beaucoup plus cher que de le produire à la maison et faire mixer ensuite pour un résultat qui serait sûrement un peu mieux mais on est satisfaits de ce que l’on a fait !

Laurie : Aujourd’hui, il n’y aurait personne qui produirait notre album. Les labels ne produisent plus. Eventuellement, ils payent un peu de pressage. Pour produire un disque, donc, il faut faire soi-même son travail et éventuellement trouver des partenaires.

Vous avez décidé, comme pour Roots, de concevoir la pochette vous-mêmes. Le DIY est un procédé qui vous caractérise. Personnellement, j’y vois plutôt des plumes de paon !
Laurie : Nous nous impliquons toujours dans l’univers visuel de notre musique. Il a des éléments de la nature et à l’intérieur de l’œil on a regroupé tous ces éléments. Le zoom d’un œil dévoile des vaisseaux en forme de branches, de racines ou de ruisseaux, tel un lien intime entre l’homme et la nature. Nous y avons ajouté le vent et la tempête pour y graver nos luttes et nos combats intérieurs.

Yann : Cette forme arrondie du globe oculaire peut faire penser à la planète. C’est la mise en abîme de l’œil et de la planète.

Pensez-vous que l’homme est allé trop loin dans notre société de consommation ?
Yann : Sûrement, oui.

Laurie : C’est un engrenage : chacun a l’impression de faire quelque chose qui n’est pas impactant mais si on est dix milliards à le faire, cela ne fonctionne plus.

Yann : A l’inverse, si on est dix milliards à faire le bien, on peut rétro-pédaler.

Laurie : Je pense qu’il ne faut pas être dix milliards : il y a un problème de surpopulation !

Votre premier album « The Stronger The Wind », sorti le 22 novembre dernier, sonne entre le blues, rock, grunge et metal : pourriez-vous nous raconter le processus de création et le processus d’enregistrement ?

Yann : En premier lieu, on commence par la musique. Chacun de son côté compose ses chansons, même si au final on chante tous sur les morceaux. On sélectionne les maquettes.

Laurie : Une fois que l’on a sélectionné les maquettes, on travaille tous ensemble. Julien va travailler sur les arrangements, Camille travaille sur sa batterie puis on remet toutes ces pistes au propre pour envoyer à l’ingénieur qui va faire le mix, donc à Fred Duquesne, le guitariste de Mass Hysteria.

Est-ce que vous avez des retombées de votre premier album sorti le 22 novembre dernier ?

Laurie : On a de très belles chroniques. Par exemple de Rolling Stone. Les chroniques tombent et sont superbes. On est très contents des premiers retours. On est depuis longtemps sur cet album et on a beaucoup travaillé, mais on ne sait jamais comment ça va être accueilli. C’est le problème de tout artiste au fond !

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