Arrivée à 20h, je découvre cette salle contemporaine à l’architecture moderne, de couleur noire et blanche. L’acoustique étudiée par des ingénieurs est habituellement destinée aux concerts de musique classique. A peine installée au balcon, mes tympans se délectent du son metal sublimé par le groupe Regarde les hommes tomber. Transpercé du cœur à l’ensemble des méridiens, les blasts et les riffs heavy nous envoûtent. Il n’y a aucun mot pour décrire ce que l’on ressent tellement le son est un véritable joyau sonore, du diamant pour nos oreilles. Aucune photo, aucune vidéo ne peut retranscrire cet événement exceptionnel où seuls les yeux et les oreilles présents pouvaient se délecter tels de joyeux lutins devant un sapin de Noël multicolore et brillant !
Deux groupes de metal extrême occupent la scène ce soir. Regarde les hommes tomber, originaire de Nantes et formé en 2011, s’inspire de mythes qui traversent l’humanité, déverse leur black metal teinté de sludge. Le premier morceau « L ‘Ascension » nous transcende tout de suite dans un univers musical aux réflexes mélodiques, le chant guttural de Thomas renforçant ce monde fantastique. Les blasts s’enchaînent dans une atmosphère de noirceur grave mais les mid-tempos ne désertent pas complètement l’intro de « The Renegade Son » et viennent aérer la course noire à l’œuvre. De « A Sheep Among the Wolves », « Stellar Cross » à « Au bord du Gouffre », le quintet de musiciens talentueux déverse riffs, décibels et hurlements dans une atmosphère de sun rays et de chandeliers religieusement adaptés, créant des effets visuels en parfaite harmonie avec ces distorsions noires. Ce qui nous rappelle les effets visuels d’autres groupes comme Marduk et Watain.
Entracte avec « Run To The Hills » de Maiden et « Paranoid » de Black Sabbath avant que le monstre polonais ne surgisse sur scène avec son univers Luciférien, à faire pâlir l’église très catholique de la Pologne. Mais ça, Nergal le sait très bien puisqu’il a déjà eu quelques déboires juridiques à ce sujet. Plongés de nouveau dans l’obscurité, cachés derrière un gigantesque rideau blanc, les créatures apparaissent en ombre chinoise. Soudain, s’abat le rideau et « Once Upon a Pale Horse » ouvre le set de Behemoth, féroce et prêt à dévorer toute la scène ! On est tout de suite plongés dans l’atmosphère de Lovecraft ou de Tolkien, avec des vibrations sonores qui vous irradient tous les méridiens. Pour les amateurs du genre, « Demigod », qu’ils n’ont pas joué en public depuis 2019, s’infiltre doucement à la guitare pour déverser une avalanche de décibels extrêmes, de miaulements distordus à la six-cordes sur chant guttural. Behemoth nous régale ce soir avec d’autres morceaux joués live il y a quelques années auparavant comme « From the Pagan Vastlands » (In Absentia Dei) ou « Lasy Pomorza » (Grom). Les tempos envahissent la fosse qui headbangue les cervicales et où certains effectuent un cercle pit. Mais ce ne sont pas les circle pits géants de l’Amérique latine… Place à l’esprit de Satan avec « Messe noire » que nos oreilles se délectent d’écouter. La cloche retentit pour annoncer « Versvs Christvs » sur une intro lyrique accompagnée de guitare montant crescendo sur roulements de baguettes donnés par Inferno. Après cette accalmie temporaire, c’est le fameux « Christians to the Lions » qui jette les hommes dans l’arène des lions et endiable l’audience à coups de blasts et de riffs mitrailleurs. Le satanisme revient sur le dernier titre du set « Chant for Eschaton 2000 », puis s’abat une torride pluie de confettis metal sur l’audience, encore ébahie par cette tuerie, acclamant Behemoth, les bras en l’air. Place au final encore satanique, il faut le dire : le renommé « O Father O Satan O Sun! ». Le public explose de joie, Nergal exulte des incantations, la messe noire se célèbre et se termine malheureusement.
Remerciement pour l’invitation à la Philarmonie
Texte et photos Martine Varago
Setlists
Regarde Les Hommes Tomber
- L’Ascension
- A New Order
- The Renegade Son
- A Sheep Among the Wolves
- Stellar Cross
- The Incandescent March
- Au bord du gouffre
Behemoth
- Post‐God Nirvana
- Once Upon a Pale Horse
- Ora Pro Nobis Lucifer
- Demigod
- Conquer All
- Ov Fire and the Void
- From the Pagan Vastlands
- Cursed Angel of Doom
- Lasy Pomorza
- Chwała mordercom Wojciecha (997-1997 dziesięć wieków hańby)
- Messe Noire
- No Sympathy for Fools
- Bartzabel
- Decade of Therion
- Versvs Christvs
- Christians to the Lions
- At the Left Hand ov God
- Chant for Eschaton 2000
- Encore :
- O Father O Satan O Sun!
Les concerts sont disponibles sur arteconcert ou youtube: