ils nous avaient surpris avec « Edari » leur premier album sorti en 2015 , les deux compères du métal avant-gardiste (Bargnatt et Arsenic) nous offrent, en ce 26 mai 2017, une nouvelle œuvre intitulée Nåde. L’album, comme son prédécesseur, est produit sous le label « My kingdom Music » et enregistré par Edgar Chevallier au Lower tones place studio.
Lors de l’interview que nous leur avons consacrée il y a quelques semaines, les deux artistes nous avaient mis l’eau à la bouche sur ce qui s’annonçait comme un album, riche, profond et déroutant à bien des titres. Il est temps aujourd’hui de revenir en détail sur leur œuvre, une manière bien singulière de nous laisser envahir par la grâce.
Nåde qui veut dire la grâce en danois, se pose d’emblée comme une suite logique et très cohérente à « Edari » Si vous avez aimé les sonorités de leur précédent album, vous vous retrouverez en terre connue ici dès les premières notes du titre « Malum » dont les douces nappes de mélancolies vous envahissent et vous caressent délicatement. Il est vrai qu’en seulement deux albums, notre duo a su créer une patine qui lui est propre : une ambiance atmosphérique baignée par des samples électro qui apportent bizarrement beaucoup de noirceur. La tonalité qui se dégage de ce premier morceau est dépressive, un brin inquiétante, mystérieuse et captivante à la fois.
Ce premier titre qui nous embarque sans grande résistance, dans l’univers d’Omrade, et plante le décor thématique d’un album résolument philosophique à bien des titres : la condition humaine et les rapports entre les individus, la détresse de l’humanité en regard du monde actuel en sont les leitmotivs. Pour ma part, j’ai été subjuguée d’entrée de jeu par cette multitude de contrastes qui se pose de manière presque évidente : le mélange des genres musicaux tout d’abord, le chant de Bargnatt ensuite ; ce chant écorché mais posé, mélancolique mais profondément émouvant. Cette alchimie parfaite entre le saxophone et la basse qui donnent au chant toute sa superbe, tous les ingrédients sont là pour que nous puissions continuer notre balade dans cet univers contrasté et plein de surprises.
Les titres qui suivent ne vont pas ménager vos émotions, attendez-vous à du grandiose et peut être même à des larmes. Si comme moi, la musique vous rend sensible au point de vous toucher en plein cœur, je serai prête à parier que cet album-là va vous prendre directement aux tripes et vous faire frissonner. Là où « Malum » avait frappé très fort, le titre « XII » fait monter crescendo l’émotion. En laissant la part belle à un Saxophone qui tient le rôle de troisième homme sur ce titre, les musiciens ont mis la barre très haut pour nous faire vibrer. Le choix du sax est judicieux à plus d’un titre : Sa présence est douce et caressante à la fois, enveloppante mais jamais imposante. C’est d’ailleurs un peu le cas pour les huit titres de Nåde où jamais aucun instrument ne prend réellement le dessus sur l’autre : tout n’est que pure Alchimie. Pour ma part, le titre qui résumerait à merveille ce mélange subtil est certainement le titre « Hänelle » où tout est savamment dosé, justement équilibré et plein de subtilités auditives : Vous savez, tous ces petits détails d’arrangement, ces petits passages instrumentaux que l’on ne perçoit pas forcément à la première écoute mais qui rendent un album unique et magique. C’est bien le cas ici, et le choix du titre Nåde prend tout son sens : Laissez-vous toucher par la grâce ! J’en veux pour preuve ce passage où le chant saturé de Bargnatt se mêle à la rondeur d’une ligne de basse parfaitement exécutée, ce moment-là, si vous savez le saisir au bond, vous offrira un bonheur musical unique et sans commune mesure. Ce morceau dont la richesse n’est plus à prouver, nous montre à quel point cet album a du génie.
J’ai décidé de ne pas m’arrêter volontairement sur tous les titres pour ne pas en dévoiler toutes les surprises, c’est comme si un chroniqueur de cinéma vous décrivait chaque scène d’un film et vous en révèlait la fin. Ceci dit, j’ai bien envie de vous donner dans le désordre les trois titres qui m’ont littéralement touché et procuré le plus d’émotions, je veux parler de « XII » que j’ai évoqué plus haut, mais également du très beau titre « Baldar jainko », un titre très riche aux multiples contrastes. Pour terminer, j’ai eu un véritable coup de cœur pour « Falaich » le dernier titre de cet album, qui vient le conclure en apothéose. C’est certainement mon préféré : j’ai adoré sa progression, ses sifflements à la « Kill Bill » en guise d’intro et la rencontre inattendue des voix de Bargnatt et d’Arsenic sur la toute fin, en dire plus serait sacrilège à mon sens. Faites-en vous-même la douce expérience, vous ne le regretterez pas !
Pour conclure, Nåde est un album qui pourrait sembler complexe par la diversité des genres musicaux et par les thèmes sérieux qu’il explore, mais il n’en est rien. Bien au contraire, et malgré cette étiquette de métal avant gardiste qui lui colle à la peau, l’œuvre est très accessible : Il est facile de s’y glisser et surtout de se laisser surprendre par sa beauté. Nåde est un album à la fois mélancolique, Dark, progressif, atmosphérique et bien plus encore, il en revient à vous auditeurs d’y ajouter d’autres qualificatifs. Pour le peu que l’on soit curieux de nature et que l’on souhaite écouter quelque chose qui sorte réellement des standards classiques du Métal, cet album ne vous demandera pas beaucoup d’efforts. Là où « Edari » ressemblait plus à un projet expérimental, «Nåde » est beaucoup plus travaillé, plus mature aussi, mais pour autant pas fondamentalement différent puisqu’il Il est dans la continuité d’ « Edari » sans conteste. Nous souhaitons donc à ce second album un succès bien mérité, laissez-vous tenter par quelque chose de vraiment différent, vous ne serez pas déçus par ce très beau voyage musical.
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