Deathronic est un projet solo d’un poly instrumentiste parisien nommé Amine Andalous. Cet artiste nous offre ici un premier EP aux contrastes multiples aussi déroutant par ses qualités orchestrales que vocales. Mais que se cache t’il derrière cette pochette torturée du maître Seth Siro Anton, dont l’art reconnaissable entre mille, ne vous aura sans doute pas échappé ?
La première piste de cet EP qui en compte sept, nous pose un décor plutôt grandiloquent en trompe l’œil qui nous laisserait penser par ses chœurs et son côté symphonique un peu poussé dans ses excès que nous allons assister à une œuvre pompeuse pleine de fioritures, détrompez-vous il n’en est rien, et c’est le second titre « Bloody Lust » qui vient nous prouver le contraire : En effet, nous entrons dans le vif du sujet avec ce titre, dont émane un côté sombre et malsain porté par une voix savamment travaillée qui nous scande des litanies qui suintent l’enfer, le tout brillamment posé sur des riffs qui retranscrivent à merveille le message que l’auteur de cet opus a voulu nous faire entendre : celui d’une humanité devenue inhumaine et bestiale au déclin inéluctable en dépit de ses évolutions matérielles et technologiques. « Par-delà bien et mal » pourrait en être le leitmotiv.
Arrive ensuite le titre « Kalila wa Dimna » qui pour celles et ceux qui l’ignorent est également le titre d’un grand classique de la littérature arabe, que l’on pourrait comparer à nos fables de Lafontaine occidentale. D’ailleurs l’auteur ne s’en prive pas car il marie de manière totalement décomplexée des riffs lourds et percutants à la voix douce et suave d’une vocaliste orientale, le rendu est tout simplement saisissant, l’alchimie parfaite, on en redemande, on se laisse aller à headbanger sauvagement sur ce morceau phare de l’opus.
Continuons notre découverte avec « Disharmonia » morceau composé de deux parties dont la première est introduite par une mélodie simple et efficace, organisée et pointue, qui plante le décor d’une seconde partie aussi percutante qu’un uppercut du droit, le thème de la dualité est clairement exprimé ici et notre auteur semble s’en donner à cœur joie de tous ces contrastes qu’il a créé de manière délibérée, c’est intelligent, réfléchi et jamais ennuyeux.
Nous arrivons presque à la fin de cette œuvre, pour autant l’avant dernier titre n’est pas en reste même si il paraît, à la première écoute, incongru et pas vraiment à sa place au milieu de ce décor chaotique crée par Amine Andalous., le morceau « Anno 1423 » est fondamentalement différent des autres pistes sur le plan musical et vocal. Ce titre nous offre une mélodie mature teintée de métal indus qui laisse la part belle à un clavier dont le phrasé musical aux accents synthétiques, futuristes et gothiques s’entremêle judicieusement à un organe vocal digne du registre de Messieurs Nick Holmes (Paradise Lost) et Fernando Ribeiro (Moonspell), ce morceau que l’on peut se surprendre à fredonner après l’avoir écouté une ou deux fois est au final une très bonne surprise, prenez le temps de l’écouter !!!
En conclusion, « Duality Chaos » est un opus fin et très abouti, c’est même dommage que ça soit juste un EP, reprendre une trentaine de minutes dans les oreilles avec les mêmes ingrédients ne nous aurait en aucun cas dérangé. Cette œuvre explore de nombreuses facettes, à la fois sombres et éclatantes, elle nous offre une belle fusion des genres avec pour fond des instruments très bien maîtrisés par Amine Andalous. Souhaitons que ce premier opus soit le prélude d’une longue carrière auquel cas, les Samael et autres Moonspell auraient face à eux une sérieuse concurrence.
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